épiphanie
depuis que j’ai cessé d’y croire, ma vie est parsemée de miracles ☺
depuis que j’ai cessé d’y croire, ma vie est parsemée de miracles ☺
objectif : me départir de ma rigidité (psychologique, faut-il le préciser ?)
3 conditions de développement de l’enfant, susceptibles de déterminer une pratique artistique : le jeu, l’imitation, la perte
lettres en façade alphabet de charges aiguilles de verre sous les ongles parole dans tous les sens langue fortuite
les corps sont à disposition, seul l’homme blanc hétéro s’appartient
chemin et pitance
ta myopie la surdité
défaite la peau
encore à vivre
bouquet de fenouil
lumière des cierges
la pensée n’est pas toujours intelligente, loin s’en faut, elle prend des raccourcis, occulte des faits, en amplifie d’autres, généralise, présume, saute aux conclusions, et s’enferre dans une interprétation souffrante de la réalité
c’est toujours la même histoire : à qui s’adressent vos hommages, vos éloges ? certainement pas à lui, il est mort, qui voulez-vous convaincre, et de quoi ? pourquoi tenez-vous tant à rendre votre émotion publique ?
un enfant vient à ta rencontre, tu le reconnais, c’est toi en culottes courtes, il tend la main, touche ton front, et c’est la fin, tu as toujours eu la prescience (ou le souvenir) de ce moment-là
d’un été à l’autre, en août, le même effet, cigales le jour, grillons la nuit, je me sens heureux comme un bébé
exclu oublié
le fil autour de la patte
chèvre et son pieu
décomposer les mots
l’excédent la décharge
écouter les nerfs
la leçon des oiseaux
stoïques sur le toit
je n’ouvre jamais mes livres une fois parus, des circonstances m’amènent aujourd’hui à y plonger, et je trouve des redites, des images récurrentes, des réflexions répétées, butées
ce sont des blessures dont je n’ai pas fini de saigner, des questions auxquelles je n’ai toujours pas de réponse, des chocs dont je ne me suis pas relevé
je me montre aussi niaiseux qu’à 15 ans, j’en suis atterré, et émerveillé
je n’ai pas fini d’explorer mon quartier
à leur âge, grimper la montagne, lui barbe blanche, chapeau de paille, elle décharnée, os saillants, il la couve comme un trésor
il n’est jamais trop tard pour allumer, se racheter, s’amender, se soulever, jamais
du temps de ma mère, si un homme avait un cerne autour du col de chemise, c’est sa femme qui passait pour malpropre
faire la bise à un vieillard, c’est comme toucher un cadavre dans un cercueil, je conçois qu’on en soit incapable
nous visitons la nature au lieu de l’habiter
je n’ai pas étudié les structures du récit, les processus d’analyse, la mécanique de la fiction, les dimensions esthétiques et sociales des classiques, je n’appartiens à aucune chapelle, élite, ou groupe en vogue, je gosse des phrases
peuple amoureux des violences qu’il commet, comme de celles qu’il subit
dès qu’on est 2, il y a risque de tension, parce que chacun tient un rôle, porte une identité, un système de valeurs et d’attentes, qui fondent des institutions, enfant, parent, client, marchand, maître, élève, patron, employé, propriétaire, locataire
il y a fort peu de situations dont le rapport de force, la hiérarchie et la rivalité soient absents
peut-être l’amitié et l’amour, et encore
mon été ? rempli de vent dans les cheveux, et sur la peau nue, de terre sous les ongles, d’éraflures aux mains, de douleurs à l’omoplate, et aux os du pied, de parfums de roses, de pelouses mouillées, de sous-bois, de levers de soleil, de frôlements d’ailes de papillons, et de pigeons, de caresses d’herbes, de feuilles, de boue, de pluie sur les épaules, de chemise collée, de saveurs de fraises, de miel de trèfle, d’accolades, de câlins, de sourires, même d’inconnus, de méditation sur la nécessité d’accord avec le monde, de trouver la bonne fréquence
3 petits ronds dans l’eau et nous coulons
il imite le chant d’oiseaux en sifflant dans ses doigts, qui frétillent pour produire des trilles, il appelle ça la flûte à mains
je dépense depuis l’adolescence
l’énergie du désespoir
à ton approche j’aurai un étourdissement
au mieux j’atterrirai
dans tes draps
à midi la fleur se déploie
écrase son ombre
la saupoudre de safran
tu effaces ton profil
je n’ai pas d’autre choix
que de te regarder en face
le rêve m’a bu
et je suis sans réponse
dans le matin
de papier blanc
pour éviter ta rue
et un chagrin
je fais un détour
la mère attache le plant
de tomate après le tuteur
avec un vieux bas de nylon
le père abandonne un des enfants
au bord du chemin en plein bois
il leur apprend la cruauté
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© 2021 Mario Cyr