veille
je réintègre mes terres
ouvre mes armoires
comme après des mois
contre le mur des bouteilles vides
des restes au frigo
du linge propre sur le lit
je viens d’égorger
une idée de moi
je réintègre mes terres
ouvre mes armoires
comme après des mois
contre le mur des bouteilles vides
des restes au frigo
du linge propre sur le lit
je viens d’égorger
une idée de moi
nous nous répartissons en 2 classes, celle qui a du crédit et l’autre, et il existe des métiers, policiers, douaniers, banquiers, bureaucrates, publicitaires, qui consistent à humilier la seconde
mettre du sacré, c’est-à-dire de la culture, dans le chaos, c’est le nettoyer, à la manière du mariage qui vient désinfecter le cul
pendant une réunion de travail, un vingtenaire m’apostrophe : oh toi, tu n’es jamais content de rien, il ne croit pas tenir un scoop, toujours ?
en chaque écrivain, un enfant trop sensible, que le réel éblouit, et désoriente
je lui demande l’heure, il a une montre, au lieu de la consulter, il tire son téléphone de sa poche
chacun s’établit à son compte, polit son offre, son image, courtise sa clientèle, calcule ses marges, et ne songe plus qu’à reconduire l’ordre
la fillette présente une bouteille de vin vide, l’épicier se désole : malheureusement non, ça ne vaut rien
une brosse, de la dope, une grosse poutine au porc effiloché, une folle dépense, c’est rare qu’on se récompense par de la vertu
un ami me dit : tu es trop conscient de toi-même, de ce dont tu es fait pour faire montre d’insouciance, j’ai bien envie de lui donner tort, vais travailler en ce sens…
nous abordons la création du monde comme une intrigue policière : que révèlent les indices, qui suspecter, y a-t-il préméditation, et par-dessus tout, quel est le mobile ?
on ne s’attache qu’à du friable, une partie du brouillard vient de là
ils s’accrochent au passé : ils ne peuvent pas y mourir
qu’il
lui soudain
foulard rouge
frotte l’allumette
s’écorche le genou
rassemble ses affaires
la glacière
paquet d’avis adverses
des lianes de famille
quelqu’un est mort
un autre vient d’avoir 90
l’arbre en tombant fait le bruit de la page qu’on tourne
la vieillesse, comme l’adolescence, est un âge de transformations corporelles radicales, incontrôlables, implacables, on peut s’en affliger, ou pas
ils passent l’année à la pharmacie, l’hiver pour briser leur solitude, l’été, pour la clim
après avoir tondu la moitié de la pelouse, il retire sa chemisette, trempée de sueur, et la met à sécher sur la haie, drue comme une brosse
dans le parc, à l’ombre, le papa a étendu une toile cirée sur la table de pique-nique, posé devant lui son canevas, ses tubes, des coupelles, ses guenilles, il peint, sifflote, tandis que son petit garçon dessine avec des crayons de couleur, ils ne parlent pas, pas besoin
le renard dans l’herbe jaune
du mil en fleur
tu touches à tout
renifles goûtes
entre les arceaux
galop d’enfants
osier quenouilles
le moniteur écrase
une chose gluante et rose
sans poils ni plumes
peut-être un oisillon
se reposer là, sans penser ni prévoir
jouer, faire semblant d’être en camping, ne rentrer que pour me changer, et dormir, sinon, passer l’été dehors, s’il pleut, m’installer sous la bâche (lire : l’auvent de ma terrasse), avec un livre et un thé
à les voir ensemble, on ne pouvait pas deviner leur parenté, mais depuis le décès de l’aîné, son frère se met à lui ressembler, mêmes rondeurs, mêmes mimiques, il devient son sosie, c’est fascinant, la faculté que nous avons de perpétuer les absents
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© 2021 Mario Cyr