guérir
l’anse du panier
pollen rebelle
soie écarlate
l’arête du mensonge
nos flancs heurtés
l’envergure du printemps
vivre
l’anse du panier
pollen rebelle
soie écarlate
l’arête du mensonge
nos flancs heurtés
l’envergure du printemps
vivre
cette heure
le violet fait ciel
plus d’ombre
l’érable fond
des chauve-souris
une mère appelle
la fille l’ouest
que du gris soudain
une voisine, croisée dans la rue, me dit : on a écouté tes poèmes hier soir
un moineau prend son bain dans le plat d’eau que je laisse sur mon balcon, et ça me touche comme un cadeau
il est des phénomènes qui ne s’observent qu’au prix d’une patience de chat
j’ai la violente sensation d’apprendre
il est arrogant, imbu, terrorisé, bref mon double, en l’écoutant, je mesure à quel point je casse les pieds des quelques irréductibles qui m’entourent
tout dans la nature est scintillement : se révéler, disparaître
au jardin botanique, deux visiteuses qui s’interrogent sur le nom d’une plante se tournent vers moi : désolé, mesdames, je suis un puits d’ignorance
et je n’ai pas assez d’yeux pour tout voir
la figurine le compas
le bois verni le bol de grès
l’odeur des fruits
les chants des corneilles
des vérités auxquelles
suspendre ta vie
au fond, pourquoi espérer davantage que le quotidien ?
nous, baby-boomers, sommes insupportables, gonflés d’échecs, d’amertume
sur les fesses de bouc, un trentenaire n’annonce jamais qu’il relève un défi, réalise un rêve, ou lance un projet, non, c’est trop banal, il utilise un vocabulaire plus alarmiste : il se met en danger
le pauvre chou
je photographie le monde en prévision du jour où je ne pourrai plus marcher à sa rencontre, je me rabattrai sur les images que j’en aurai tirées
certains cherchent une consolation dans la fréquentation des grandes œuvres, je n’ai pas de peine ni besoin de réconfort, je trouve dans la terre une vérité
le mot d’ordre qui résume le siècle : cours t’acheter une vie
ce matin-ci cette lueur-là
le sentier les joncs
les parfums élastiques
je vais sans chercher
tu me manques
ta disposition à croire
l’évidence de tes mains
le chien couché de tes appétits
je m’égare
l’inactuel bruit
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© 2021 Mario Cyr