terme
dans la perte de toi
tout m’est menace
je regagne l’obscurité
des superstitions
enfant centenaire
seul avec la mort
dans la perte de toi
tout m’est menace
je regagne l’obscurité
des superstitions
enfant centenaire
seul avec la mort
chaque jour, les actualités mettent en relief l’urgence de la bienveillance
emmuré dans mes invendus, l’écho lancinant de mes appels, des bouteilles à la mer, il ne reste que des tessons, partout l’échec de la transmission, et si on ne laissait qu’un éclat de rire ?
l’art n’implique-t-il pas une rupture, peut-on le pratiquer sans jamais indisposer, froisser, choquer ses voisins, parents, amis, sans se heurter à leur perplexité, ou incompréhension ?
il y a des insectes qui s’accouplent dans le cœur d’une rose, il y a pire motel
le vraisemblable (ou le plausible), c’est ce qui reste du réel quand on le débarrasse de ses aspérités, scories, exubérances, c’est le cactus sans piquants, le chat sans griffes, le personnage sans incohérences
dans ma peau de croulant, je suis l’adolescent complexé, qui écrit des poèmes pour nouer des complicités autrement refusées
essentiellement, nos dépenses publiques bénéficient à l’ouvrier de la construction, qui conduit un pick-up rehaussé, habite une maison de banlieue, avec piscine et abri tempo, court les blockbusters et les shows d’humour, passe ses vacances à faire de la moto-marine, autrement dit à brûler de l’essence, on ne peut pas attendre de lui beaucoup de changement
écrivain parmi des milliers, gai parmi des millions, humain parmi des milliards, la disparition d’un panda ou d’un lion fera davantage de bruit que la mienne
tout m’échappe
je me défais
mais la lumière
l’arbre agité
la rumeur rouge
du grand corbeau
mais la musique
de petit-fils d’esclave
si loin si grave
qu’en reste-t-il
le vieil acteur se change
dans sa roulotte
porte ouverte
il paraît que ça n’existe pas, le couple alpha, les comportements qui ont laissé croire à cette forme de hiérarchie ont été observés chez des animaux en captivité, artificiellement réunis, à l’état sauvage, la meute est souvent constituée d’une seule et même famille, au sein de laquelle le père et la mère ne font qu’exercer leur autorité naturelle, le loup ignore la soif de compétition qu’on lui attribuait, c’est une bonne nouvelle
la gauche piétine parce que les exploités se réjouissent de l’être
chaque heure de jardinage est une leçon d’humilité
c’est au restaurant qu’un psy devrait donner un premier rendez-vous à tout nouveau client, pour l’observer, noter comment il tient et manipule ses ustensiles, étudier son rapport à la nourriture, sa gloutonnerie ou, au contraire, sa retenue, son rythme, tout se dévoile dans la mastication, un médecin de famille pourrait faire pareil
mon père n’habitait déjà plus avec nous, quelqu’un (ma mère, sans doute) l’a mis au courant de l’incident : devant toute la classe, la maîtresse m’a frappé, assez violemment, pour impertinence, avec ses grosses bagues, paf, contre ma joue, il a fait le voyage exprès, pour la menacer de représailles si elle s’avisait de recommencer, je ne l’ai appris que tout récemment, c’est à 8 ans que j’aurais eu besoin de le savoir
réaction que je rêve d’obtenir d’un lecteur : monsieur, j’ai détesté votre livre, j’ai trouvé le narrateur imbuvable, égocentriste, imbu, à un moment donné, je ne savais plus qui parlait, à qui ni de quoi, ça m’a franchement exaspéré, l’occasion est belle, vous en conviendrez, je réfléchis donc à ce qu’il y a dans votre texte que je refuse d’entendre
il est plus facile de lancer un ballon au fond du puits que de l’en sortir
quai du métro, une jeune femme, blonde et pâle, en robe légère, à bretelles, retire un de ses chaussons, ce ne sont pas vraiment des chaussures ni des sandales, parce qu’un petit caillou s’y est logé, on remarque alors que sa plante n’est pas tout à fait propre, elle a dû marcher pieds nus chez elle ce matin, ou sur sa terrasse, au déjeuner, ou encore dans la ruelle, à la poursuite de son chat, à partir de l’imperfection, on peut broder
des matins la honte d’être
blanc et homme
je me serre dans mes bras
vieille chose stupide
et je coule
des garçons ont la manie de toucher leur pipi, comme si la station debout leur causait des frayeurs
à la radio, un philosophe râle contre les jeunes : ils n’apprennent ni ne retiennent rien, incapables de se concentrer, ce n’est pas vrai, ils suivent d’autres routes, tant mieux, on ne peut pas vouloir que le monde change et s’en affliger tout à la fois
du pain et des jeux, ça ne date pas d’hier, la propagande, l’idéologie, l’entrave à la réflexion, ce n’est pas venu avec la télé
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