3 ans et demi
sur les fesses de bouc, un prof et écrivain se targue d’avoir glissé dans un article l’expression faire joujou avec son anus
sur les fesses de bouc, un prof et écrivain se targue d’avoir glissé dans un article l’expression faire joujou avec son anus
coupons les cheveux en 4, ça nous en fera plus
dans le quartier, une jeune femme se promène en chantant, ce serait charmant si elle le faisait moins fort, on dirait qu’elle veut nous heurter et nous signifier qu’elle s’en fout
le pessimiste ne risque pas de se tromper, je veux dire : il annonce l’éternité de la bêtise, de la laideur et de la barbarie, les probabilités sont écrasantes
il a rempli le questionnaire de peine et de misère, j’ai pu en déduire que l’écriture n’est pas son fort, il feuillette maintenant une revue, regarde surtout les images, à mesure qu’arrivent d’autres patients, il lui faut admettre que c’est nous qui nous avons raison et que la jaquette d’hôpital s’attache dans le dos, il passe donc aux toilettes pour corriger sa mise
le bouddhisme, qui dissipe les illusions, entretient pourtant celle de la réincarnation
une chaîne de cafés, critiquée pour ses stratégies d’évitement fiscal, tente de se refaire une virginité en distribuant aux démunis des sandwichs et salades invendus, qui iraient autrement à la poubelle, opération de relations publiques qui ne coûte rien
non, la disparition d’un proche n’allume pas une nouvelle étoile dans le fond du ciel, non, il n’y a pas de renaissance ni de métamorphose, rien qu’une banale décomposition chimique, non, ce n’est pas une étape, c’est la fin
parce que j’ai communiqué cette semaine avec l’un de ses représentants, ma banque veut mesurer mon degré de satisfaction, le sondage à cet effet s’étale sur 5 bonnes minutes, alors que l’échange sur lequel on m’interroge n’en a pris qu’une
elle soupire : j’ai un travail très physique, laissant entendre que l’activité intellectuelle est le lot de paresseux, comme si le cerveau ne faisait pas partie du corps, et ne consommait pas d’énergie
après avoir lu mon billet du 19, un ami m’écrit, pour être déjà passé par là : je me souviens de l’avenir
sur les internets, une pub le proclame : si vous ne le traitez pas rapidement, un feu sauvage entraînera une interruption prolongée de votre vie, rien de moins
d’entrée de jeu (c’est le cas de le dire), l’auteur de la pièce nous prévient contre les mots, qui ne renvoient pas obligatoirement à ce qu’ils ont l’air de désigner, leur sens varie, ça dépend d’un tas de facteurs, selon qu’on est acteur ou spectateur, jeune ou vieux, homme ou femme, qu’on s’enferre ou non dans une logique binaire…
de même, notre rôle, notre masque, la figure que nous présentons se transforme, s’adapte aux circonstances, aux contingences, aux désirs, les nôtres ou ceux des autres, pour plaire, par exemple, fort bien
sauf que, de ce kaléidoscope, une identité ne peut émerger, laquelle requiert une prise de position
elle le répète à satiété : je viens de l’avenir, elle ne ment pas, c’est une localité à côté de drummondville
dans un de mes romans, il y a un personnage qui considère le destin comme un distributeur automatique, il suffirait d’y glisser de la vertu pour obtenir du bonheur, j’ai un peu cette superstition-là, encore aujourd’hui, je me surprends à penser que la droiture me vaudra une récompense, on le sait, ce genre d’arrangement avec le ciel ne fonctionne jamais, quelle candeur, quand même, à mon âge
un auteur sur facebook rapporte quelques bons mots de ses jeunes enfants, réaction d’un contact : tu devrais en publier un recueil, ça se vendrait en crisse
je salue l’élévation et l’originalité de la proposition
la pornographie est très bruyante, en réalité, l’effort physique que requiert l’acte sexuel ne justifie pas qu’on ahane comme un asthmatique ni qu’on râle comme un agonisant
équilibre : besoins personnels modestes, revendications collectives gourmandes
se définir comme un gagnant, c’est encore dépendre d’autrui
elle écrit comme une cloîtrée, que sa pratique d’adoration immunise, c’est propre, féminin, gracieux, sans colère ni désespoir, on dirait que rien ne l’atteint, dans son œuvre, il y a cette entreprise d’anesthésie, ce rejet de l’animalité, entorse à la vérité
quand le texte se heurte à de trop nombreuses contradictions, impossibles à résoudre, le plus sage est de changer d’optique, de les admettre comme nécessité dynamique, d’y voir une force, de feindre enfin de les avoir orchestrées
le garçon aux pieds nus
dans les allées de la bibliothèque
rêveur réfugié
que le parfum des livres protège
il s’en va loin loin
chaque page soulève un tapis volant
il apprend sa solitude
et à l’aimer
elle ne le quittera plus
de toutes les folies, il y a celle de désespérer d’un résultat qu’on connaît déjà
expressions : ça coûte les yeux de la tête, un bras, la peau des fesses, ce qu’on achète, on le paie de son corps
c’est toujours le même deuil par lequel on repasse
il paraît qu’au dernier soupir, on voit défiler sa vie, j’aime me le représenter comme un phénomène informatique, la mémoire qui se vide
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© 2019 Mario Cyr