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de ride en gris
je dépéris
l’ombre se dépêche
et le soir goûte bon
de ride en gris
je dépéris
l’ombre se dépêche
et le soir goûte bon
claquement de verrous
rouille des pentures
sachets de lavande au fond des coffres
verre de vin chaud
papier sec où le doigt se coupe
où le sang coule
même plus besoin d’écrire
On me complimente sur mes lunettes, mes chemises, mon blouson. Et moi ?
J’ai perdu l’habitude de me regarder dans le miroir. C'est une fois dehors, en découvrant mon reflet dans une vitrine, par exemple, que je me rends compte que j’ai des couettes de travers ou une moustache de dentifrice.
Il s’assoit avec l’idée de s’amuser. Car, à quoi sert le théâtre, sinon à divertir ? Dès la première réplique, il s’esclaffe. Pour lui, tout prête à rire : déconvenue amoureuse, humiliation, échec, expression de désespoir. Le plus beau, c’est qu’il ne se rend pas compte qu’il dérange le reste de la salle.
Avenue Laurier, au milieu des passants, cyclistes, poussettes et voitures, une buse fond sur un pigeon, dont le duvet bientôt virevolte dans l’air. Presque midi. L’heure du lunch.
Il n’y a plus de fiction. Seulement du commentaire. Sur tout. La Shoah. Proust. Le complexe d’Œdipe. Le lynchage de Dieu. JFK. Le marxisme. Sade. Les Grecs.
Ruminations.
Comment le monde pourra-t-il se transformer si nous ne parvenons pas à le penser autrement ?
Dans la rue, un homme parle à un fil, qu’il tient devant lui.
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© 2021 Mario Cyr