le 31 mai 2013 dans société
Chassés du jardin des délices, Ève et Adam ont eu 3 fils : Caïn, Abel et Seth. Puis d’autres rejetons, dont la Genèse ne précise ni le nom ni le nombre.
Quoi qu’il en soit, pour que la lignée se prolonge et se propage, il y a eu forcément inceste.
C’est de là que nous venons.
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le 30 mai 2013 dans littérature
Pour étayer la vraisemblance de son prochain roman, un débutant consulte ses abonnés Twitter. Qui se souvient du prix d’un timbre en 1985 ? À quelle heure se fait la collecte des ordures le matin ? À quel âge le tatouage est-il permis sans l’accord des parents ?
Il écrit et le crie sur les toits.
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le 24 mai 2013 dans littérature
L’art est une confiscation du temps.
Au cinéma, au musée, au concert, vous acceptez de suspendre, d'interrompre le cours normal de votre quotidien, pour entrer dans une autre dimension, parfois même une autre époque.
Comme la messe, autrefois.
Bon, de nos jours, on peut appuyer sur pause ou fast forward. Le principe prévaut toutefois : l’œuvre réclame une parenthèse.
Entre toutes, l’expérience du livre se révèle la plus flexible (on le referme quand on veut), et aussi la moins excitante. La moins virale. La moins collective.
C’est pourquoi les générations montantes le boudent.
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le 24 mai 2013 dans littérature

La dévotion dont Proust fait l’objet me renverse. Qu’y a-t-il donc du côté de chez Marcel ?
Attention égocentrée. Falbalas. Paraître. Ostentation. (C’est Facebook avant l’heure, il faut le concéder.)
Dissimulation. Mesquinerie. Affectation.
Préciosité. Oisiveté. Élitisme esthétique et culturel. Désinvestissement civique et politique.
Société de salon, prolongement opiniâtre de Versailles. Aristocratie d’hérédité et d’argent. Orgueil de caste, sans générosité.
Un monde qui ne m’intéresse pas.
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le 24 mai 2013 dans littérature
tempête d’absence
dépourvu hors l’attente
où est l’orchestre
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le 18 mai 2013 dans société
L’enfant ment comme il respire. À ses yeux, cependant, ce qu’il énonce est la vérité. Et ce qu’il imagine doit pouvoir se vérifier.
S’il persiste à l’âge adulte, ce mode de pensée se bercera d’ovnis, de vampires, de tables tournantes et de couples réunis au paradis.
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le 18 mai 2013 dans société
Dans nos gazettes, de vieux chnoques réclament qu’on revienne à l’école d’antan, avec dictée et enseignement du latin. Pourquoi pas le bonnet d’âne et la fessée ?
Les jeunes possèdent des savoirs différents des nôtres. Ça ne fait pas d’eux des ignorants. Loin s’en faut.
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le 18 mai 2013 dans société

À la radio, un écrivain se plaint de la disparition des blondes icônes, ces déesses pulpeuses que façonnait si bien Hollywood dans les fifties.
Selon lui, la distance propice à la vénération se dissout maintenant. Chez les actrices, il n’y a plus de stars, mais seulement des vedettes. Figures de la nébuleuse pipole, au même titre que les princes, les politiques ou les papes, ramenés au rang des mortels.
L’Olympe se vide ? C’est une excellente nouvelle.
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le 18 mai 2013 dans littérature
nous étions trois
chiffre-antilope
en un éclair
puis un soleil de sang
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le 18 mai 2013 dans littérature
Jusque-là, le héros du roman se déplaçait à pied ou en transport collectif. Le voilà soudain au volant de sa voiture. Dont il fera l’acquisition 2 ou 3 chapitres plus tard.
Erreur de raccord manifeste.
Ni le traducteur ni le réviseur ne l’ont relevée. Ou n’ont jugé nécessaire de la corriger. Ce n’est pas si grave. Qui s’en offusquera ?
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le 16 mai 2013 dans littérature
On peut multiplier les rapprochements entre sexe et création littéraire. J’en évoque ici quelques-uns.
Soif de reconnaissance. Séduction, racolage. Voire prostitution. Fantasme, scénario. Exploration sublime et honteuse, jubilatoire et anxieuse. Poursuite d’absolu à partir du vulgaire. Abolition souhaitée de la mort.
Des auteurs s’enferment d’ailleurs dans cette excitation, cette tension. N’écrivent qu’en se masturbant.
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le 15 mai 2013 dans littérature

à l’angle des brisures
le temps s’agglomère
surface où construire
d’où repartir
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le 15 mai 2013 dans littérature
une lumière à se mettre à genoux
de l’écume rose dans les arbres
et à tout bout de champ
des bénévoles de la beauté
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le 15 mai 2013 dans littérature
J’ai entrepris de lire un ouvrage (best-seller, paraît-il) d’un écrivain gai européen.
Dès la page 36 : adolescent en vacances à la campagne, le narrateur s’adonne à touche-pipi avec des fils de paysans, dans une grange.
Tellement prévisible. Bâillement.
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le 14 mai 2013 dans littérature
Raymond Roussel. Héritier d’une fortune colossale, ce célibataire qui recevait peu gardait quinze domestiques à son seul service : un maître d’hôtel, une gouvernante, une lingère, 3 cuisiniers, 3 chauffeurs, 3 jardiniers et 3 valets (2 de pied, l’autre de chambre).
S’il a beaucoup voyagé, du Japon à Tahiti, passant par l’Inde et l’Afrique, il ne quittait jamais les palaces où il descendait.
Dandy corseté, homosexuel refoulé, pianiste doué, il s’est consacré à l’écriture, produisant une œuvre singulière, déconcertante, fondée sur le jeu de mots et l'imaginaire, sans contact avec le réel.
En effet, pourquoi s’y frotter quand on peut se payer le luxe de l’éviter ?
Sur cette lancée : que nous aurait laissé Proust s’il avait été contraint de travailler pour gagner son pain ?
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le 12 mai 2013 dans société
Le texte s’intitulait Les malices de mon petit frère. Il me fallait l’apprendre par cœur. J’avais 9 ou 10 ans.
Pendant la classe, le directeur me convoquait à son bureau pour me faire répéter. Religieux rondouillard, dont la soutane était agrémentée d’une large bavette blanche. Aux fenêtres de son bureau, des voilages adoucissaient la lumière du dehors. Dans un coin, une énorme fougère sur un piédestal.
Cette page, je devais la déclamer comme un compliment, avec des inflexions chantantes, forcées, destinées à souligner la rime et charmer l’auditoire.
J’ai ainsi participé à un concours radiophonique de jeunes talents, organisée par la station locale. L’animateur moustachu et débonnaire se prénommait José.
L’ambition ne m’appartenait pas, pas plus que le choix du morceau, qui ne correspondait en rien à ce qui se passait dans ma famille. Je ne comprenais rien. Me contentais d’obéir. Est-ce que je représentais l’école ? Pourquoi moi ? Tout sonnait faux, à commencer par le ton que j'adoptais.
Je n’ai pas gagné.
Mais, pour la première fois de ma vie, j’ai pris toute la mesure du gouffre entre ma nature et ce qu’on voulait voir en moi.
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le 7 mai 2013 dans mort
De notre existence, comme d'une représentation de théâtre, il ne subsiste ensuite que des souvenirs. Sans plus.
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le 6 mai 2013 dans littérature
Loi des médias (sociaux ou pas) : frapper les nerfs. Faire trembler, rire, pleurer.
Cette exigence hystérique, qui s’étend à l’information, pollue aussi le roman.
Titres percutants, histoires scabreuses, personnages sulfureux, rebondissements à gogo, dénouements qui décoiffent.
Or, l’auteur ne perd-il pas en profondeur ce qu’il gagne en visibilité ?
Si le spectaculaire captive, il garde à distance. Comme le périmètre de sécurité sur la scène d’un incendie ou d’un accident.
Le lecteur assiste à la fiction, sans y entrer.
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le 6 mai 2013 dans société

La vie est courte, on n’en a qu’une. Il faut en savourer chaque instant. À 100 à l’heure. Ne rien rater.
Euh… non, pas d’accord.
Je plaide volontiers pour l’ennui, le gaspillage, la lenteur. Les redites. Tout ce qui échappe aux notions de rendement et d’intensité.
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le 6 mai 2013 dans société

Ils ont. Environ 40 ans. Une jolie maison, dont ils ont récemment aménagé le sous-sol. Des immeubles de rapport. Un chalet. 2 voitures (un utilitaire et une décapotable de collection, qu’ils ne font rouler que l’été). Une moto. 2 chiens. 3 enfants, qu'ils appellent les amis : un garçon et deux filles.
Ils leur transmettent. À lui, l’amour du Canadien. À elles, celui des Barbie.
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le 3 mai 2013 dans société
En couverture d’un magazine de salle d’attente. Vaincre la procrastination. Ma question : pourquoi donc ?
Certes, nous en avons tous fait l’expérience, renvoyer à plus tard finit par nous mettre dans l’embarras.
Si nous postons nos déclarations de revenu passé la date butoir du 30 avril, ou négligeons de régler dans les délais une contravention, nous encourrons des pénalités. Les exemples abondent.
Oui, bon. Et puis après ?
Dans cette propension à ajourner, dans cet évitement répété, n’y a-t-il pas le refus d’être raisonnable ? Étymologie, ratio, du latin, je compte. Calcul.
Ne peut-on pas y déceler une résistance à la sempiternelle injonction de performance, de logique, de productivité ?
Perso, je n’y trouve rien de pathologique. Au contraire. C’est un réflexe de santé. Affirmation de notre impulsivité, spontanéité. Caprice pur.
L'échec prétendu de la volonté démontre celle de rester imparfait, et humain.
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le 2 mai 2013 dans société

À mesure qu’éclatent les bourgeons du petit arbre qui grimpe devant sa fenêtre, je vois moins bien mon voisin se masturber le soir, rivé à son ordi.
L’hiver n’a pas que des inconvénients.
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le 1 mai 2013 dans littérature
Dans la revue Liberté, le jeune réalisateur Simon Galiero s’étonne de la persistance dans nos films d’auteur du bon vieux pathos : suicide, meurtre, accident, viol, mutilation, euthanasie, maladie et autres artifices éprouvés. Des drames qui constituent, par ailleurs, l’ordinaire des médias. Une norme. Formule classique. Ordre établi.
Il estime que les œuvres ainsi tissées (narcissiques, juvéniles et formatées) s’opposent à un véritable cinéma de la conscience.
On pourrait en dire autant de notre littérature. Et j’ai contribué à cette situation.
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